Au registre de la peinture, Bernard Garo a initié, depuis 2004 une exploration des points cardinaux de l’Europe. Un compas, pointé au cœur sur Nyon, a fait escale dans des capitales aux civilisations fascinantes, Alexandrie, Istanbul, Lisbonne. Pour l’heure, les deux premières étapes de ce projet, nommé ARIL, ont été concrétisées et les œuvres présentées à l’exposition ont pour origine le point le plus nordique de l’aventure, Reykjavik et l’Islande.
Terre de feu et de glace, nature à l’état brut, austère, grandiose, en constante mouvance, tant au sol que dans les airs changeant avec fulgurance, rien ne saurait mieux interpeler l’artiste, observateur total. Les entrailles de la terre livrant à leur rythme tantôt jets de vapeur aux rugissements intenses, jaillissements d’eau sous l’effet de puissantes poussées venues de profondeurs inconnues, marmites trouant le sol, bouillonnantes d’eaux noires et épaisses. Mais aussi foisonnement de couleurs, de contrastes saisissants, aux touches jaune citron du soufre, aux étendues turquoises des lagons chauds, aux roses vifs de rares touffes de saxifrage au creux des chaotiques champs de lave noirs, le vert cru d’un vallon ou l’ocre et le rouge des versants inclinés des cratères, ou encore le bleu profond de l’océan, le noir du fin gravier des plages frangées d’écume blanche. S’ajoutent les sonorités, le tonnerre vrombissant des eaux déferlantes, la fureur des volcans, le cliquetis et le craquement des icebergs fondant, partant doucement à la dérive, la démesure des glaciers scintillants, recouvrant les volcans.
C’est tout cela, les œuvres puissantes, énergiques, souvent gigantesques, de Bernard Garo. De véritables champs de laves, fumants, tonitruants, où la matière, dans un chaos géologique, est en fusion, explose en milliers de particules se posant peu à peu sur la toile, en couches de plus en plus épaisses, retenant le sable des volcans, la roche de la lave, les pigments et autres ingrédients, inhérents au savoir-faire original de l’artiste.
Les mots ne sauraient toutefois restituer aux œuvres leur force et leur pouvoir intrinsèque. Ne manquez donc pas l’expérience extraordinaire de visiter l’atelier de l’artiste en complément de l’exposition !
Bernard Garo vit et travaille à Nyon et Paris. Lauréat de plusieurs concours, notamment prix artistique de la Ville de Nyon (1994). A réalisé plus d’une centaine d’expositions à travers l’Europe et en Suisse depuis 1989. Performances interdisciplinaires avec le Collectif de la Dernière-Tangente en 10 ans.
Légende de l’oeuvre : Geyser ou la modélisation formelle d’une manifestation volcanique, 2007, 196 x 196 cm
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